Kep et Kampot
Je laisse une nouvelle fois la plume à ma mère pour raconter ces deux étapes…
Jour 1
Le trajet de Phnom Penh a Kampot est folklorique. Notre chauffeur de van, très sûr de lui, ne tient absolument pas compte des indications du code de la route : il dépasse sur les lignes continues (y compris les doubles) ; il roule parfois à 90/100 au lieu de 40-60-80 (même s’il y a des écoles ou des petits commerces). Le seul moment où il respecte la limitation de vitesse est lié à la présence de radars sur des rails au dessus de la route. Il s’est d’ailleurs fait flashé une fois ! Il klaxonne à tout va (y compris lorsqu’il y a des panneaux l’interdisant), zigzague (souvent en passant TRÈS près) entre les motos, les scooters parfois avec 3 personnes et un bébé serré entre eux, les voitures, les camions, les camionnettes, les tuk tuk, les PassApp, les mobylettes (certaines avec un panier géant de chaque côté grâce à quoi elles occupent une voie entière) ou les tracteurs (plus rares) à charrettes tirant leurs cargaisons de pastèques, de noix de coco, de fruits du dragon, de légumes, de sacs de riz, d’autres énormes sacs non identifiés, de vêtements, d’épicerie, de viande (un bœuf entier sans tête, des poulets vivant pendus par les pattes), de bidons variés…… et évite les écoliers et collégiens à vélos pédalant sagement sur le bord de la route. Les chiens traversent avec bon sens ! Une circulation hétéroclite et bigarrée !
Paysages variés avec des plaines (différentes cultures, des cocotiers…), de petites (!) montagnes, des bœufs attachés à leur piquet, de jolies maisons traditionnelles khmères mais aussi des habitats très sommaires…
A Kampot, changement de van et de chauffeur rapide aussi mais moins kamikaze.
Installation à « Raingsey Bungalow ».
Marché « aux crabes » mais aussi grosses crevettes, poulpes et calmars. Dégustation de crabes au poivre vert de Kampot.
Du début des années 1900 jusqu’aux années 1960, Kep était une ville de villégiature florissante pour l’élite française et cambodgienne. Pendant la période des Khmers rouges, beaucoup de maisons et villas coloniales ont été détruites. L’activité hôtelière avait repris mais la Covid a tout arrêté.
Jour 2
Belle promenade dans le parc National de Kep. Nous croisons deux « serpents »de très près, l’un vert kaki et l’autre gris. Nous n’avons pas fait une étude détaillée pour savoir s’ils étaient venimeux. Beaux points de vue sur la mer et végétation dense, nombreuses lianes (certaines en forme de balancelles). Retour par le bord de mer.
Jour 3
Notre chauffeur de tuk tuk (qui parle anglais) nous raconte que cela fait 2 ans qu’il ne travaille plus comme chauffeur et qu’il a travaillé dans des plantations pour juste nourrir sa famille, vie très pauvre depuis 2 ans que la Covid-19 sévit avec la fermeture des frontières et la disparition de la manne touristique.
– visite formidable de la plantation de poivre « Sothy’s Farm ». Le plus gros producteur de poivre aujourd’hui est le Brésil.
La production de poivre a commencé à Kep il y a plus de cent ans quand la province de Kep faisait encore partie de la province de Kampot.
D’après notre guide, on a découvert que le sol : roche blanche (quartite) et brune (oxydation du fer) donnait des résultats incroyables et de par sa situation géographique, Kep et Kampot bénéficient d’un excellent climat pour offrir plus de qualité à cette épice.
La ferme de Sothy produit trois types de poivre : le noir (le plus fort), le rouge (le plus fruité) et le blanc (avec un arôme « subtil »), plus le vert conservé dans du sel.
Un champ de poivre est constitué de plusieurs pieds alignés et soutenus chacun par un poteau de bois. Le poteau supporte la liane du poivrier qui rampe vers le haut. L’arrosage se fait 2 fois par semaine hors saison des pluies. Juste à côté des champs, des feuilles de palmiers protègent les poivriers du soleil. Entre les mois de septembre et octobre, le poivrier fleurit et des grains apparaissent ensuite jusqu’en décembre. Les grains grossissent en janvier et février, la récolte débute en mars jusqu’au mois de mai. Sur une même grappe, on trouve des grains verts et des grains rouges qui sont séparés manuellement après la cueillette des grapes. Après 2 jours de séchage au soleil, les grains verts deviennent noirs (il faut continuer à les faire sécher), les rouges restent rouges.
Une partie des grains rouges restent à sécher au soleil (5 jours) et l’autre partie est mise dans l’eau bouillante ; après 10 minutes, on les frotte dans un tamis en bambou pour enlever la peau et on obtient du poivre blanc. Celui-ci est utilisé pour le poisson, poulet, sauce blanche… Le poivre rouge pour la viande, le chocolat (belge !), les sauces…
Le poivre noir est plus commun, il s’utilise dans toutes les préparations culinaires.
Le poivre vert frais ne se conservant pas plus de quelques jours, on en met une partie dans le sel, cela lui permet de garder sa saveur particulière (« douce » et fruitée), il se garde 6 mois sous vide et après ouverture il faut le mettre dans un récipient en verre au réfrigérateur.
La ferme possède un « four solaire » (qui ressemble à une serre) permettant de sécher plus rapidement les grains de poivre.
La ferme de Sothy, membre actif de la « Kampot Pepper Promotion Association », produit des poivres biologiques. Elle n’utilise donc aucun engrais chimique, seulement des excréments des chauves-souris (riches en ammoniaque) ; on en met une fois par an à la saison des pluies (trou au pied de la plante). Pour lutter contre les attaques d’insectes et de chenilles sur les feuilles et les fleurs des poivriers, on met une préparation à base de feuilles et de graines issues de plantes locales récoltées pour fabriquer des pesticides naturels.
On récolte 1kg300 de poivre par piquet.
Nous reprenons la route et Sok nous promène dans la campagne au milieu de cultures variées avant d’arriver à Phnom Kampot Trach caves. Nous entrons dans une grotte avec en son centre une impressionnante “clairière” à ciel ouvert et un temple au “Bouddha couché”. Site bien aménagé avec plusieurs allées bétonnées. Nous faisons les curieux et allons dans de petits recoins où nous accueillent ici un bouddha, là un mini temple « aux jouets », un tout petit lac souterrain, des sculptures naturelles étonnantes…
Sok nous emmène 2km plus loin voir la grotte-lac (swimming cave) où les gens apprécient de se rafraîchir.
Nous terminons par les marais salants. Les salines sont remplies d’eau de mer qui s’évapore en laissant des cristaux de sel.
Des Cambodgiens passent le râteau pour ramasser le sel, d’autres aplatissent leur parcelle.
Jour 4
Nous embarquons pour l’île aux lapins, une toute petite île que nous rejoignons en bateau en 30 minutes. Aucune route, seulement une piste sablonneuse ou caillouteuse selon les endroits…
Nous partons découvrir l’île en longeant la mer et rebroussons chemin au bout d’une quinzaine de minutes, le sentier devenant peu accessible et le soleil tapant fort. Nous devons choisir entre les chiens aboyant (comme toujours au Cambodge), les bulldozers et autres engins de chantier (seuls véhicules motorisés sur l’île) construisant un hôtel 5* ou une armada d’oies caquetant sur la plage.
Repos dans les hamacs et délicieux déjeuner dans un des petits restaurants de la plage. Crabes et poulpes, jus d’ananas maison, eau de coco. Nous marchons les pieds dans l’eau.
Jour 5
Dernier tour au marché aux crabes, cette fois nous goûtons les crevettes.
Kep-environs de Kampot en tuk tuk avec Sok. Très bon accueil au Champa Lodge. Maison traditionnelle Khmère. Farniente (hamac ou matelas thaïlandais = futon). Petite balade pour découvrir une jolie pagode sur la rivière mais des chiens aboyant comme des forcenés nous font rebrousser chemin. Joli coucher de soleil sur la campagne.
Jour 6
Merveilleuse balade sur la rivière en kayak pour découvrir « The Green Cathedral » qui porte bien son nom. « Fraîcheur » des palmiers, paysage de mangrove et quelques maisons khmères nous accompagnent.
Des grappes d’aigrettes s’envolent pour la nuit avant le superbe coucher du soleil.
Jour 7
Le matin à 5h, nous sommes réveillés par les prières à la pagode et le passage des pêcheurs sur la rivière. Un peu plus tard des myriades d’oiseaux et des coqs prennent le relais en chantant.
Le ciel est couvert ce matin, mais le soleil, qui ne nous a pas quittés depuis le début, fait tout de même une timide apparition avant de s’installer durablement.
Trajet Kampot-Phnom Penh. Moment épique pour caser tous les bagages des 15 voyageurs (valises, sacs à dos, sacs de voyage, colis). Nous sommes serrés comme des sardines pour faire un trajet d’environ 150 km en 3h. Autre chauffeur mais même genre de conduite que les précédents… toutefois il klaxonne moins. La circulation cambodgienne est étonnante : on double là où il y a de la place, c’est souvent le plus gros et/ou le plus téméraire qui passe ; les 2 roues traversent en diagonale à l’envers (sens opposé) ; sur les 4 voies, les camions peuvent prendre la deuxième voie en contresens sur de courtes portions afin de traverser la 4 voies et tourner ; les feux rouges ne servent pas pour ceux qui tournent à droite… très dangereux tout ça pour les piétons… et pour les 2 roues.
Informations pratiques :
Paiements à la fois en dollars (pour les sommes à partir d’environ 5$) et en Riel (pour les petites coupures ou pour rendre la monnaie) – 0,88€=1$=4075 riel mais ici tout le monde applique un taux de 1$=4000 riel.
- Logement à Kep : Raingsey Bungalow – 48$ la nuit – deux chambres – 1 salle de bains – pas de portes à l’intérieur, des rideaux – petit déjeuner inclus (très complet) – repas possible sur place
- Logement à Kampot : Champa Lodge – 50$ la nuit – deux chambres – 1 salle de bains – pas de portes à l’intérieur, des rideaux – petit déjeuner inclus – repas peu chers possible sur place
- Transport :
– 8$ par personne pour le trajet Phnom Penh-Kep (avec changement de mini-van à Kampot)
– 8$ par personne le trajet Phnom Penh-Kampot en mini-van
– 15$ le trajet en tuk tuk pour 3 pour aller de Kep à la rivière de Kampot (un peu moins cher pour aller au centre de Kampot) - Restaurants à Kep :
– marché au crabe : environ 5$ à 8$ le kg de crabe/crevettes/poulpe – 5000 riel la cuisson avec poivre
– Holy Crab : prix un peu plus élevés qu’ailleurs mais très joli cadre et nourriture très bonne - Activités :
– Balade dans la “jungle” à Kep : 1$ l’entrée
– Une journée en tuk tuk : plantation de poivre, grottes, marais salants : 30$ pour 3
– Plantation de poivre : visite gratuite, on achète du poivre sur place en général (sinon dons à prévoir)
– Aller retour à l’île aux lapins en bateau privé pour 3 : 25$
– Faire un tour en kayak à la “cathédrale verte” : 3 à 5$ le kayak 1 ou 2 places
- Kep
- Kampot
Je suis entièrement d’accord avec le commentaire de Danielle !
La grotte a l’air aussi très particulière….
Hâte de lire la suite de vos aventures dans un nouveau pays !!!
Un récit bien détaillé qui nous fait vivre intensément toutes vos découvertes.
C’est vraiment un pays avec beaucoup de curiosités et de beauté naturelle que l’on vit dans les îles.